Interview de Thierry Hetreau, vétérinaire et Romaric Puthod, ingénieur au Centre d’Élevage de Poisy en Haute-Savoie.

Visuel Portrait ingénieur
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1. L’alimentation de 3 à 6 mois et au-delà

Entre la naissance et 6 mois, la génisse doit prendre en moyenne entre 800 et 900 g/jour en fonction de la race. Elle doit avoir une croissance très soutenue surtout si l’éleveur prévoit un vêlage précoce à 24 mois.

Pour les génisses, tout se joue avant six mois. Après le sevrage, leur croissance doit continuer à être soutenue. Elles doivent avoir une alimentation à base de fourrages grossiers, complémentée en concentrés. Les fourrages grossiers permettent de développer le rumen et d’accroître les capacités d’ingestion de la génisse. Les apports de concentrés favorisent le développement des papilles du rumen et la capacité de l’animal à bien valoriser la ration. La génisse doit peser, au sevrage, 15 % de son poids adulte et à 6 mois, 30 % de son poids adulte, quelle que soit sa race.

La stratégie d’alimentation peut ensuite être différente selon l’âge au premier vêlage :

  • Pour un vêlage à 24 mois, la croissance doit continuer à être soutenue été comme hiver ;
  • Pour un vêlage à 36 mois, l’éleveur peut jouer sur la croissance compensatrice de l’animal et opter pour une gestion plus économique de l’alimentation de ses génisses. Si l’alimentation à base de fourrage grossier pendant l’hiver modère sa croissance, la génisse pourra se rattraper au printemps avec une pâture de qualité.
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Et à Poisy ?

Nous n’hésitons pas à faire vêler jeune nos génisses, y compris en race rustique. En effet, la vache laitière continue à grandir et à prendre du poids jusqu’à 5 ans. Le fait d’être en gestation ne ralentit pas sa croissance, à condition que son alimentation couvre bien ses besoins d’entretien, de croissance, de gestation et de production.

2. La mise à l’herbe

Les génisses peuvent sortir lorsqu’elles ont entre 5 mois ½ et 7 mois. Elles doivent peser entre 180 et 200 kg.

Pour la première mise à l'herbe :

Visuel Photo génisse au pré
  • Prévoir une transition alimentaire

  • Veiller à ce qu’il fasse beau et faire très attention au parasitisme

  • Éviter de les mettre dans des prairies juste après le passage des vaches laitières

  • Si elles sont mises à l’herbe assez tard en saison, privilégier des repousses de fauche saines sur le plan des parasites

  • Réserver aux génisses une parcelle de qualité car elles ont des besoins de croissance importants

  • Surveiller la complémentation minérale

Et à Poisy ?

Lors de leur première mise à l’herbe, les jeunes génisses ont la possibilité de venir s’abriter dans le bâtiment en cas de pluie ou de temps froid. De plus, elles continuent à être complémentées en concentrés et en foin pendant quelques semaines, même si la qualité de la pâture permettrait de s’en passer. Pour les génisses, la pâture, comme le reste, doit faire l’objet d’un apprentissage, clôture, point d’eau, fourrage vert et plus ou moins appétant. Tout est nouveau : nous devons rester attentifs, notamment à des signes avant-coureurs de coccidioses, y compris à la mise à l’herbe.

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3. La mise à la reproduction

Les génisses peuvent être mises à la reproduction à partir de 15 à 20 mois, lorsqu’elles ont atteint 60 % de leur poids adulte. Il est conseillé de continuer à les peser pendant toute leur croissance, sur une bascule classique ou en mesurant leur tour de poitrine à l’aide d’un ruban. L’idéal est de regrouper les vêlages par lots homogènes, en surveillant l’arrivée des chaleurs ou en les provoquant pour se simplifier la tâche et être plus efficace.

Pour le premier vêlage :

  • Choisir un taureau avec un index de naissance facile, ces taureaux conseillés sur génisse sont toujours bien identifiés dans les catalogues ;
  • Être vigilant sur l’utilisation d’un taureau de monte naturelle, le poids de ses veaux ne sera connu que 9 mois plus tard.

Et à Poisy ?

Afin de ne pas perdre de temps et de ne pas « oublier » de génisses, nous établissons un calendrier prévisionnel des mises à la reproduction des génisses, en fonction de trois critères : la saisonnalité de notre production laitière, les derniers poids connus des génisses et les effectifs de génisses inséminables disponibles pour la période considérée.

4. La préparation du vêlage : un cycle bientôt bouclé

Qu’elles soient en pâture ou en ration hivernale, penser que les génisses sont gestantes et adapter leur alimentation. Si avant d’être inséminées, elles peuvent supporter des pâtures de moindre qualité, cela n’est plus le cas par la suite. Il est préférable d'introduire la génisse dans le troupeau 15 jours avant le vêlage pour qu’elle s’habitue à l’alimentation et au bâtiment des vaches laitières, à la hiérarchie du troupeau, à l’installation de la traite.

Et à Poisy ?

Nous sommes certains que sur le plan du comportement, l’éleveur a les vaches laitières qu’il mérite. S’il passe un peu de temps avec les veaux après leur naissance et au sevrage, s’il apporte un peu de farine ou de granulés, à chaque fois qu’il va voir ses génisses en pâture, ses vaches seront beaucoup plus dociles.

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