Connaître les spécificités de votre exploitation
Prendre en compte son type de sol
C’est principalement la présence d’humidité l’hiver dans le sol qui va orienter le choix des espèces fourragères qu’il va être possible de semer. Certaines plantes ne tolèrent pas les excès d’eau, telles que le brome, le dactyle et la luzerne. D’autres peuvent supporter une inondation peu fréquente comme le ray-grass anglais, le ray-grass d’Italie et le ray-grass hybride, ou encore les différents trèfles.
La fétuque élevée, la fétuque des prés ainsi que la fléole des prés, quant à elles, comptent parmi celles qui résistent le mieux aux inondations. Le trèfle hybride est la légumineuse qui s’en sort le mieux dans ces conditions très hydromorphes.
Évaluer les conditions climatiques de sa région
Trois facteurs climatiques majeurs influencent le choix des espèces fourragères : le froid, la sécheresse et la chaleur.
La plupart des fourragères tolèrent bien le froid, à condition d'avoir atteint le stade 3-4 feuilles avant les premiers froids. Toutefois, certaines espèces comme le ray-grass italien (RGI) et certains bromes peuvent se révéler particulièrement sensibles aux conditions très froides.

Face à la sécheresse, les prairies sont confrontées à deux cas de figure selon les espèces implantées :
- Soit les plantes stoppent leur croissance temporairement, se dessèchent partiellement, puis redémarrent dès que les conditions le permettent. C’est le cas de graminées telles que le ray-grass anglais, le ray-grass hybride, le dactyle, la fétuque élevée, la fétuque des prés... Mais aussi de légumineuses : trèfle blanc, trèfle violet...
- Soit les plantes se dessèchent et disparaissent (ray-grass italien, fléole des prés...).
Il est à noter que la fétuque élevée et le dactyle sont des graminées particulièrement résistantes à la sécheresse. Lorsqu’elles sont intégrées dans des prairies de longue pérennité (plus de 5 ans), elles assurent une productivité supérieure à celle d’autres graminées, notamment en conditions chaudes et sèches. Pour les légumineuses, c’est la luzerne qui est la mieux adaptée aux contextes de sécheresse grâce à son système racinaire pivotant.
Enfin, face à la chaleur, la majorité des espèces fourragères continuent de pousser jusqu’à des températures allant de 30 à 35 °C, mais seulement si l'eau n'est pas un facteur limitant. En revanche, certaines espèces comme les ray-grass (anglais, d'Italie et hybride) entrent en dormance estivale dès 23 à 24 °C, ce qui limite leur productivité dès que la température augmente dans la deuxième moitié du printemps.
Choisir les espèces fourragères adaptées
Miser sur des variétés tolérantes aux maladies
La tolérance aux maladies est l’un des principaux critères de choix des variétés car, contrairement aux autres cultures, il n’existe pas de solutions chimiques permettant de lutter contre les maladies des plantes prairiales. Le progrès génétique est donc le meilleur levier à activer en choisissant des variétés plus tolérantes.
Pérennité et productivité des prairies
Toutes les espèces fourragères n’ont pas la même durée de vie, il faut donc les choisir en fonction de la durée d'exploitation de la prairie désirée dans sa rotation culturale. Celles à longue pérennité, telles que le dactyle et la fétuque élevée sont à éviter dans les rotations courtes puisqu'elles s'implantent lentement.
Enfin, bien que plusieurs facteurs influencent le rendement, il est avant tout préférable de sélectionner une variété à haut potentiel qui sera un véritable atout pour assurer un haut niveau de production de fourrage. Les variétés récentes apportent généralement une plus-value sur le rendement, mais aussi sur d’autres critères.

Quelles espèces pour quels usages ?
L’objectif d’utilisation de son fourrage doit impérativement être pris en compte car toutes les fourragères ne sont pas adaptées au pâturage et à la fauche.
La plupart des graminées fourragères sont adaptées au pâturage lorsqu’elles sont au stade feuillu. Dès que les épis apparaissent, les plantes deviennent inappétentes pour les animaux. L'adaptation au pâturage des graminées est donc directement lié à leur montée en épi. Il faut donc tenir compte de leur souplesse d’exploitation pour le 1er cycle et, pour les pousses suivantes, de leur alternativité et leur remontaison. Parmi les espèces particulièrement adaptées à la pâture, il y a le ray-grass anglais, le RGH de type anglais, le RGI non alternatif l'année du semis, les fétuques élevées et des prés, le dactyle (cycle de 3 semaines maxi), le trèfle blanc associé à une graminée... Mais certaines demandent des précautions particulières, notamment la luzerne et le trèfle violet qui peuvent engendrer des soucis de météorisation chez les ruminants.
Concernant la récolte en fauche, certaines espèces sont plus adaptées que d’autres selon les méthodes de récolte (affouragement, ensilage, enrubannage, foin). Découvrez-les en détail dans cet article.
Le choix des espèces est donc à raisonner pour chaque parcelle et à chaque semis. Ce tableau de synthèse permet de repérer rapidement les espèces adaptées aux différentes situations en tenant compte de la conduite de la prairie, de la perénnité de chacune, des types de sols et températures habituelles de votre région et du comportement des plantes souhaité :

Pour le festulolium, le plus simple est de se rapprocher des caractéristiques du parent majoritaire. Généralement, il s’agit des parents de type ray-grass. En ce qui concerne les espèces en orange dans la colonne mélange, les espèces sont utilisables mais il faudra veiller à ne pas mettre une trop forte dose de semences.