Interview de Thierry Hetreau, vétérinaire et Romaric Puthod, ingénieur au Centre d’Élevage de Poisy en Haute-Savoie.
Visuel Portrait ingénieur
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Respecter des règles de bases pour réussir son élevage

Pour obtenir une bonne vache laitière, productive, pérenne et facile à vivre, il faut suivre quelques règles de base. En effet, la dernière génisse née cette nuit possède sans doute un certain potentiel génétique, mais si nos pratiques ne permettent pas de le faire exprimer, alors nous serons tous passés à côté d’une formidable aventure et surtout d’une très bonne vache laitière « rentable ». Voici quelques rappels de règles simples afin de réussir l’élevage de nos futures vaches laitières :

1. Optimiser ses chances dès l’insémination de la mère de la future génisse

Le recours à des semences sexées, dans les races où c’est possible, permet d’obtenir 9 fois sur 10 un veau femelle. L'avantage est que les femelles sont toujours plus petites que les mâles, donc bénéficient d'un vêlage plus aisé. Revers de la médaille, le taux de réussite de l’insémination artificielle baisse sensiblement.

Et à Poisy  ?

Chez nous, le choix du taureau est primordial : nous retenons principalement des taureaux avec un index positif pour la facilité de naissance, pour ne pas être embêtés au vêlage.

2. Ne pas négliger la préparation au vêlage

Cette phase importante peut malheureusement être l’occasion de nombreuses erreurs, qui seront payées "cash" lors de la mise-bas. Quelques conseils :

  • Éviter la suralimentation des taries : la vache sera trop grasse (viser une Note d’État Corporelle comprise autour de 3,5) et le futur veau risque d’être trop gros. C’est en effet le veau qui mobilise principalement les apports alimentaires de fin de gestation. L’éleveur doit donc diminuer la densité énergétique de la ration, en la complétant par exemple avec de la paille ou du foin fibreux ;
  • Veiller à une bonne complémentation minérale pour éviter les pathologies métaboliques au vêlage.

Et à Poisy ?

Nous sommes vigilants, notamment à la pâture, afin d’éviter une présence excessive de légumineuses dans la ration des taries. Trop riches en calcium, elles peuvent être à l’origine de fièvres de lait. Donc jamais de luzerne pour les taries et des pâtures à forte dominance de graminées pendant les 8 semaines de tarissement. Tout en surveillant le potassium.

3. Le vêlage, heureuse conséquence de l’insémination

Il se déroule dans huit cas sur dix, sans intervention extérieure. L’éleveur est là pour surveiller et ne doit intervenir que si nécessaire. Quelques conseils :

Visuel Photo vêlage veau
  • Mettre la vache dans des conditions optimales et sans stress
  • L’idéal pour disposer d’un environnement propre et sain, est de la faire vêler dehors en pâture. On peut aussi prévoir un box de vêlage bien paillé

Et à Poisy ?

Nous surveillons l’imminence du vêlage grâce à la température rectale des vaches. L’investissement matériel est modique et le temps nécessaire dérisoire. À l’approche du terme et sans oublier les autres signes de mise bas, nous prenons la température tous les soirs. Lorsque celle-ci chute, en fonction de l’amplitude de la baisse, le vêlage se déclenchera très probablement dans les douze heures qui suivent, la vigilance sera alors accrue.

Autre astuce mise en place à Poisy : le box de vêlage permet à l’animal isolé pour la mise bas de voir, d’entendre et de sentir ses congénères... De ce fait, il n’y a pas d’autre stress pour la vache que celui de la parturition.
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