Retarder la date de l'apport a une conséquence directe sur la productivité

Des essais, menés par ARVALIS - Institut du végétal, démontrent qu'une carence précoce en azote pénalise la pousse de l'herbe :

  • pour l’herbe ensilée, un retard d’1 mois entraîne une perte de rendement de l'ordre de 600 kg MS/ha
  • pour le foin, un retard de 2 mois entraîne la perte de 1,9 T MS/ha

Cependant, la qualité de la digestibilité et la teneur en protéines sont généralement améliorées. À l'opposé, les apports trop précoces risquent d’engendrer des pertes par lixiviation (entraînement par l’eau), volatilisation ou dénitrification.

À quelle date réaliser la fertilisation azotée dans sa parcelle fourragère ?

La 1ère fourniture en azote dans les cultures ne doit pas être trop précoce pour assurer une bonne assimilation par les plantes, ni trop tardive comme démontré ci-dessus. L'objectif est donc de viser le "bon stade" : la date où les températures, cumulées à compter du 1er janvier, atteindrons 200 degrés-jours (base 0 °C).

Cette méthode de calcul, provenant de travaux conduits par ARVALIS, est à ce jour la plus fiable puisqu'elle prend en compte le contexte climatique de l'année selon la localisation de chaque exploitation. Ce cumul est souvent atteint début février en zone océanique, et un mois plus tard en zone continentale.

Visuel Carte France - Cumul températures dès 1er janvier

Dates médianes d’apport d’azote sur prairies en sortie d’hiver, sur 20 ans (2004 - 2030) pour cumuler 200 degrés-jours (base 0 °C), depuis le 1er janvier de l'année.

Cette règle de décision, facile à mettre en œuvre, nécessite toutefois de retrouver des conditions satisfaisantes de portance du sol en fin de période hivernale et de respecter les périodes d’interdiction d’épandage, fixées dans le cadre de la Directive Nitrates.

Enfin, les études menées par ARVALIS n’ont pas montré une plus grande efficacité du fractionnement de la fourniture d'azote en 2 temps sur le 1er cycle de la culture, même si la teneur en matières azotées (MAT) est très légèrement améliorée. Ce fractionnement est toutefois nécessaire si la dose appliquée est supérieure à 100 kg N/ha.

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Gestion de la fertilisation N : un raisonnement propre aux prairies

Il est à noter que le raisonnement apporté à la fertilisation azotée des fourragères diffère complètement de celui des cultures de céréales à paille, et plus particulièrement du blé. En effet, l'objectif pour la culture du blé est d'obtenir le meilleur compromis entre le rendement en grains et la teneur en protéines, qui n'est pas conditionné par la production de biomasse produite en début de cycle contrairement aux fourragères. Ainsi, les apports d'azote de blé ont tendance à progressivement s'étendre du début de la montaison à la mi montaison, voire à la fin de montaison. Tandis que pour les prairies, qui ont impérativement besoin d'azote pour augmenter la production de biomasse et ainsi permettre une croissance maximale des plantes, les premiers apports doivent être réalisés plus tôt.

Pour les graminées pures ou pour les compositions prairiales : pas de distinction

À la date recommandée du premier apport, les graminées débutent à peine leur pousse. À cette même date, les légumineuses - qui sont des plantes de jours longs et des plantes de température - sont toujours en repos hivernal. Cela implique que même dans une prairie contenant des légumineuses, leur contribution de fourniture en azote aux graminées à cette période sera presque nulle. C’est pourquoi il convient d’apporter entre 30 et 50 unités d’azote sur l’ensemble des prairies, qu'elles contiennent ou non des légumineuses.

Pour conserver une proportion convenable de légumineuses et ne pas trop favoriser les graminées, il est recommandé de ne pas aller au-delà de 50 unités d’azote.

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Pensez à la fertilisation des cycles de cultures suivants

La dose apportée doit être en rapport direct avec la coupe à venir, et non avec la coupe passée :

  • Pour les prairies pâturées, il est judicieux d’apporter l’azote juste après la sortie des animaux. Dans le cas où le chargement est important, il devient possible de faire l'impasse sur les prairies exclusivement pâturées si la teneur en trèfle est bonne. Les restitutions par le trèfle puis par les animaux seront suffisantes pour alimenter les graminées.
  • Pour les prairies de fauche, il est préférable d’attendre la reprise de végétation de l’herbe, soit une dizaine de jours. Et l'apport doit être positionné idéalement avant une pluie.

Enfin, évitez d'intervenir en période de sécheresse qui serait sans effet sur les repousses.

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