L'helminthosporiose fusiforme (Exserohilum turcicum)
Cette maladie foliaire endémique apparaît vers la floraison sous forme de nécroses losangiques allongées dans le sens des nervures qui peuvent provoquer un dessèchement prématuré des feuilles. Elle est due à un champignon transmis par les résidus de l'espèce précédente (si maïs) et par dissémination aérienne des spores qui atteignent directement les feuilles des plantes.
Situations les plus favorables à l'émergence de l'helminthosporiose
Lorsque des températures élevées (de 18 à 27 °C) sont associées à une humidité importante (> 95 %). Les fortes rosées et faibles luminosités favorisent l'apparition de l'helminthosporiose, tout comme les brouillards persistants.
Comment protéger son maïs de l'helminthosporiose ?
Il est recommandé de prendre toutes les précautions agronomiques d’usage, soit de broyer finement et enfouir les résidus de maïs précédent et de choisir des semences peu sensibles à l'helminthosporiose.
Le charbon commun (Ustilago maydis)
Le charbon commun est une des maladies les plus fréquentes du maïs causée par un champignon pathogène. L’infection se présente à compter du stade 5-6 feuilles sous forme de tumeurs charbonneuses, recouvertes d’une enveloppe blanche contenant des spores, présentes sur tous les organes en croissance (feuilles, tige et épi).
Situations les plus propices à sa manifestation
Le charbon commun apparaît en cas de stress climatique. Il s’installe à la moindre blessure apparaissant sur les plantes. De plus, les spores sont présentes dans le sol durant plusieurs années.
Éviter l'apparition de l'ustilago maydis
En misant sur la génétique : en sélectionnant des variétés de maïs fourrage peu sensible à l'ustilago maydis. Également en maîtrisant au maximum l'oscinie (ravageur le plus fréquent du maïs).
Comment adapter la variété à ses besoins ?
Découvrez tous nos conseils pour bien choisir votre variété de maïs ensilage !Le charbon des inflorescences ou charbon nu (Sphacelotheca reiliana)
À partir du stade précoce de 4 à 5 feuilles, les stigmates apparaissent sur les organes reproducteurs, panicules et épis. Les épis sont globuleux, renflés à leur base, mous au toucher et n’ont pas de soies. On les compare d'ailleurs à des "bouteilles de Perrier". Les épis et panicules sont envahis de spores (poussières noires) qui remplacent les grains et les étamines.
À ne pas confondre avec le charbon commun qui est toujours enveloppé d'une membrane de couleur blanche puis grise.
Situations les plus à risque
Lorsque des températures entre 21 et 28 °C sont associées à une faible humidité du sol (15 à 25 %). Les lieux les plus propices à la survenue du charbon des inflorescence sont les bordures de rivière, les zones inondables, en bordures des parcelles et dans les zones les plus tassées.
Comment le prévenir ?
Dans les zones identifiées à risque, il convient principalement de miser sur la génétique des semences et de sélectionner celles qui sont tolérantes à cette maladie.
Les fusarioses des épis ou tiges creuses (Fusarium graminearum)
Elles sont causées par plusieurs espèces de fusarium qui fructifient, se disséminent et se développent sur les résidus de récolte. Les plantes sont contaminées après la floraison femelle et les symptômes eux apparaissent entre fin août et mi-octobre : elles apparaissent au début au sommet de l'épi, puis les soies et spathes finissent par coller et la rafle et les grains pourrissent.
Situations les plus propices à leur développement
Les causes sont multifactorielles : des températures entre 22 à 28 °C, un stress hydrique, une réduction de l’écartement entre les rangs, un défaut de nutrition potassique ou encore un excès de densité.
Comment prévenir les fusarioses ?
Pour lutter contre les fusarioses des épis, là encore il est nécessaire de sélectionner des maïs tolérants et d'une précocité adaptée à sa région. Il faut également veiller à bien détruire les résidus de l'espèce précédente (maïs ou céréales à paille) puis de travailler la terre en conditions ressuyées et, lors du semis, d'adapter la densité des semences au potentiel de la parcelle.
La rouille commune (Puccinia sorghi)
La rouille commune débute à la floraison et présente des taches et pustules brun orangé dispersées sur les feuilles médianes de la plante. Elles vont évoluer vers une coloration marron foncé à noire lors de la maturation du maïs (les tissus de la plante se nécrosent).
Milieux sensibles à la rouille
Sous des températures allant de 16 à 25 °C, liées à une forte hygrométrie (taux d'humidité présent dans l'air).
Comment l'éviter ?
Broyer finement et enfouir les résidus de l'espèce précédente.
L'Anthracnose (Colletotrichum graminicola)
De petites tâches sur les feuilles de la base de la plante peuvent apparaître avant la floraison, puis - dès la floraison - les tâches brunes au centre et jaune orangé en bordure s'allongent (environ 15 mm). C'est principalement dans le Sud-Ouest de la France que l'on retrouve cette maladie.
Situations les plus favorables au développement de l'anthracnose
Les milieux aux températures élevées avec un taux d'humidité importants et des brouillards persistants.
Comment se prémunir contre l'anthracnose ?
Cette maladie fongique se développe sur les débris de la culture précédente. Dans les zones sensibles, il est donc impératif de broyer et enfouir les résidus des précédentes espèces cultivées pour éviter toute contamination.
La Kabatiellose (Kabatiella zeae)
C'est à partir de la floraison qu'apparaît ce champignon également appelé "maladie des tâches en œil" : des tâches couleur gris crème cerclées d'une épaisse ligne brun-pourpre, mais aussi d'un halo translucide visible par transparence. Ces dernières peuvent s'étendre sur l'ensemble de l'appareil foliaire, les spathes et même la tige.
Situations les plus exposées
Les spores du champignon Kabatiella zeae germent sur les feuilles qui sont mouillées pendant une période d’au moins 7 heures et sous des températures de 10-12 °C. Ainsi, les contaminations s'observent plus particulièrement dans des situations où le printemps et/ou le début de l'été sont humides et froids (températures allant de 10-12 °C à 15-18 °C).
Comment éviter l'apparition de la Kabatiellose ?
Aucune solution curative n'est proposée à ce jour. Dans le cas d'une monoculture de maïs, il est indispensable d’enfouir les résidus de la précédente culture afin d'empêcher sa conservation durant l'interculture.
Le mildiou (Sclerophtora macrospora)
C'est au stade 4-5 feuilles que le maïs va être contaminé par son système racinaire via l'eau stagnante à son pied. Les organes reproducteurs (panicules et épis) vont se développer massivement et de manière désordonnée et les plantes touchées sont stériles.
Quels environnements sont propices à la présence du mildiou ?
Ce sont majoritairement dans les parcelles qui ont été ennoyées au printemps au stade 4-5 feuilles du maïs.
Limiter son apparition
Essayer d'améliorer le comportement hydraulique de ses parcelles afin d'éviter une stagnation de l'eau.
La mosaïque nanisante (Maize Dwarf Mosaïc Virus)
La mosaïque nanisante présente un raccourcissement des entre-nœuds du maïs si l’infection est précoce, et apparaît en formant une alternance de fines stries chlorotiques avec de petites plages de tissu de couleur verte.
La mosaïque nanisante est assez peu présente en France, mais la sélection de variétés tolérantes et la bonne conduite agronomique de ses parcelles sont les meilleurs atouts pour lutter contre cette maladie.
Les mycotoxines du maïs
Toxines naturelles produites par des champignons microscopiques sous forme de moisissures, les mycotoxines du maïs peuvent se développer au champ durant la conduite de la culture mais également lors du stockage du fourrage. Les mycotoxines, à faibles teneur dans le fourrage, ne sont pas considérées comme dangereuses pour les ruminants grâce à leur rumen capable de les détoxifier.
Comment se développent les mycotoxines ?
Durant la croissance des plantes, ce sont principalement les conditions météorologiques (humidité pendant la floraison), la présence de certains ravageurs telles que les pyrales et une mauvaise gestion des résidus des espèces précédentes qui vont favoriser la propagation des mycotoxines.
Lors de la récolte, un chantier trop tardif peut accroître la prolifération des mycotoxines, mais aussi les abords du silo s'ils ne sont pas "propres" (bétonnés).
Limiter la présence des mycotoxines
Pratiquer une rotation des cultures adéquates (éviter de cultiver successivement des espèces sensibles aux mycotoxines), cultiver des variétés adaptées aux spécificités de son terroir et reconnues pour leur résistance aux infections fongiques.
Durant le chantier d'ensilage et le stockage du fourrage : éviter les récoltes tardives, limiter au maximum les contaminations par le sol et réduire au mieux le temps entre la récolte et la fermeture du silo. Enfin, éviter les points de chauffe lors de la reprise du silo.
Les nécroses racinaires
Elles sont essentiellement dues au champignon Fusarium graminearum (pourriture brune des racines) qui est souvent accompagné de Rhizoctonia solani (nécrose de couleur noire importante sur les racines principales) et de Fusarium section liseola. À la fin du mois d'août les feuilles du maïs vont passer de la couleur verte au vert-de-gris puis au rose. Elles vont finir par totalement sécher et le système racinaire sera nécrosé. Durant la confection du silo, bien insister sur le tassement du fourrage pour chasser l'air avant de fermer le silo de manière parfaitement hermétique.
Situations les plus propices à l'apparition des nécroses racinaires
En sols sableux et sur les parcelles de monocultures de maïs pour lesquelles le travail du sol et la gestion de l'irrigation ne sont pas optimisés.
Comment prévenir les nécroses racinaires ?
Bien maîtriser le labour, mais aussi assurer une reprise sur sol suffisamment ressuyé. Il ne faut pas intervenir sur des sols trop frais, limiter le plus possible les attaques de nématodes et miser sur la fertilisation starter du maïs.
Face aux nombreuses maladies pouvant affecter le maïs, la vigilance agronomique est essentielle pour préserver la qualité du fourrage et sécuriser le rendement. Une bonne connaissance des pathogènes, des conditions favorables à leur développement et des leviers de prévention permet d’anticiper les risques et d’adopter des pratiques culturales adaptées. Prévenir les maladies du maïs fourrage, c’est investir dans la durabilité et l’efficacité de son système fourrager.
Principales sources de l'article : ARVALIS - Institut du végétal