Qu'est-ce que l'helminthosporiose du maïs ?
L'helminthosporiose du maïs est une maladie fongique majeure causée principalement par Helminthosporium turcicum, désormais classé sous le nom d’Exserohilum turcicum. Ce pathogène est dominant en Europe et affecte particulièrement certaines régions françaises comme l’Alsace, l’Ouest de la Bretagne, le Sud de l’Aquitaine et la Vallée de l’Isère. Une autre forme, due à Cochliobolus heterostrophus (Bipolaris maydis), existe mais reste marginale.
Le champignon survit d’une saison à l’autre en se développant dans les débris de culture laissés en surface. Sous forme de chlamydospores, il résiste aux températures hivernales. Au printemps, des spores sont libérées par les pluies et le vent, contaminant les nouvelles plantations. Des conditions humides (95 % d’humidité) et des températures entre 18 et 25 °C favorisent son développement.
Pour les agriculteurs, cette affection menace jusqu’à 20 quintaux par hectare en maïs grain, avec un impact sur la qualité de l’ensilage. Les hybrides sensibles, associées à des pratiques comme le non-labour ou les monocultures, amplifient les risques. Une gestion adaptée permet de limiter les dégâts, combinant travail du sol et choix variétal, comme le confirment les observations terrain et les recommandations techniques.
Symptômes de l'helminthosporiose
Identification des taches sur les feuilles
Stade 1 : apparition de petites décolorations jaunes sur les feuilles inférieures, souvent après la floraison.
Stade 2 : évolution en taches fusiformes (forme de cigare) de couleur gris-verdâtre qui s'étendent parallèlement aux nervures avec - au départ - un aspect huileux. Cet élargissement suit un cycle rapide de 5 à 12 jours en conditions favorables (18-25 °C, humidité > 95 %).
Stade 3 (avancé) : les taches s'étendent jusqu'à recouvrir l'intégralité du limbe foliaire, créant un tapis de nécrose. Une poussière noirâtre, source d'une contamination secondaire, s'échappe alors depuis le centre des lésions.
Stade 4 : dessèchement total des feuilles prenant l'aspect d'un tissu calciné. Une bordure pourpre peut parfois entourer les taches, témoignant de la réponse de défense de la plante.
Impact sur le rendement de la culture
Les détériorations varient selon le moment de l'attaque. En maïs ensilage, une contamination pendant la floraison peut entrainer des pertes de 2 à 4 tonnes de matière sèche par hectare et réduit la valeur nutritive de l'ensilage. Le tassement du silo devient problématique avec un fourrage trop sec, favorisant les moisissures et un refus à l'auge des animaux.
Pour le maïs grain, l'impact est dévastateur si l'infection survient tôt. L'échaudage altère le remplissage des grains, causant des pertes de 20 quintaux par hectare. Dans les cas extrêmes, des pertes atteignent 50 % de la production lorsque plus de 70 % de la surface foliaire est touchée. Les tiges se vident et se creusent, rendant les plantes vulnérables à la verse (chute des tiges), les rendant irrécupérables. Les hybrides modérément tolérants limitent ces effets, mais sous forte pression, leur production reste compromise.
Facteurs de risque et développement de la maladie
Conditions climatiques favorables
Pour se développer, l'helminthosporiose nécessite des températures entre 18 et 25 °C associées à une humidité relative supérieure à 95 %. La rosée ou les pluies prolongent cette humidité, favorisant la germination des spores. Les parcelles mal ventilées ou avec des débris végétaux non enfouis sont particulièrement vulnérables, car le champignon se propage via le vent et les éclaboussures d'eau.
Les zones géographiques à risque incluent les bords de rivière, bas-fonds et parcelles avec sol tassé. Le long des canons d'irrigation, l'humidité persistante accentue la vulnérabilité. L'Alsace, l'ouest de la Bretagne, le sud de l'Aquitaine et la Vallée de l'Isère sont des régions historiquement touchées, en raison de leurs conditions climatiques favorables.
Tableau récapitulatif des facteurs de risque de l'helminthosporiose
| Catégorie | Facteur | Niveau |
|---|---|---|
| Climatique | Températures entre 18-25 °C avec humidité > 95 % | Élevé |
| Cultural | Monoculture de maïs | Élevé |
| Cultural | Absence de labour / Résidus en surface | Élevé |
| Historique | Forte pression de la maladie l'année précédente | Élevé |
| Parcellaire | Bas-fonds, bord de rivière, sol tassé | Moyen à élevé |
| Génétique | Utilisation de variétés sensibles | Élevé |
Enfin, il est à noter que les hybrides précoces sont plus vulnérables que les tardifs.
Méthodes de prévention et de contrôle
Pratiques culturales recommandées
Pour limiter les risques d'helminthosporiose, la gestion des résidus de culture est prioritaire. Le broyage fin des tiges de maïs après la récolte réduit la survie du mycélium responsable. L'enfouissement rapide par labour accélère la dégradation des débris, limitant l'inoculum futur, surtout en zone humide ou en conduite sans labour. Ce travail du sol limite aussi la formation de poches d'humidité favorables à la maladie.
La rotation des cultures sur trois ans minimum perturbe le cycle du pathogène. En alternant avec des cultures non-hôtes comme les légumineuses (luzerne, trèfle) ou les crucifères (colza, moutarde), ce levier agricole réduit la persistance du champignon. La récolte complète (ensilage) et un bon drainage, via des raclages réguliers ou l'incorporation de matière organique, complètent cette stratégie en limitant l'humidité stagnante.
Traitements chimiques et biologiques
Des solutions chimiques existent mais la hauteur de la plante rend l’application très difficile et reste donc très marginale.
Les fongicides s'appliquent uniquement en cas avéré d'attaque. La période autour de la floraison est critique. Traitez dès que 50 % des plantes présentent une tache, ou ciblez les pourtours des parcelles plus exposés. Les matières actives comme les strobirulines et les triazoles, homologuées en 2013, restent des options valides selon les préconisations agricoles.
Face à l'évolution des produits, les agriculteurs peuvent s'appuyer sur les recommandations d'ARVALIS - Institut du végétal pour identifier les solutions adaptées. La reconnaissance précoce des signes de manifestation évite les confusions avec des maladies comme la rouille naine sur l'orge. Des alternatives biologiques émergent, notamment l'utilisation de champignons antagonistes du genre Trichoderma, pour compléter les méthodes de lutte.
Le choix de variétés tolérantes : votre meilleure stratégie
La génétique constitue la première ligne de défense contre l'helminthosporiose. Choisir des hybrides de maïs tolérants s'avère être la méthode de lutte préventive la plus efficace sur le plan agronomique. Ces hybrides limitent la prolifération de la maladie, réduisant la surface foliaire affectée et ralentissant la progression des taches. Un hybride très tolérant peut maintenir moins de 10 % de surface infectée contre plus de 50 % pour un hybride sensible en conditions épidémiques.
Opter pour ces hybrides de maïs résistantes sécurise votre potentiel de rendement en vous affranchissant largement du risque. Même avec des hybrides modérément persistants, l'impact reste limité comparé aux hybrides sensibles. En cas d'attaque précoce, les pertes atteignent 20 quintaux/ha pour les vulnérables contre 5 à 8 quintaux/ha pour les hybrides résistants, grâce à leur capacité à préserver la photosynthèse pendant la période critique de remplissage des grains.
Il est primordial de sélectionner des semences adaptées à votre région. Des hybrides comme la semence maïs ensilage LG 31.242 allient résistance polygénique et vigueur de départ optimale, des atouts précieux en contexte de pression maladie.
- Sécurisation du potentiel de production, même en année à forte pression.
- Réduction de la dépendance aux traitements fongicides, un atout économique et environnemental.
- Meilleure qualité sanitaire de la récolte.
- Plus de souplesse dans la gestion de l'itinéraire technique.