Qu’est-ce que le piétin-échaudage ?
Le piétin-échaudage est une maladie du système racinaire qui touche principalement les céréales à paille. Elle est provoquée par un champignon tellurique qui attaque les racines, la base des tiges et interfère avec la nutrition hydrique et minérale de la plante.
Symptômes caractéristiques
Le piétin-échaudage peut se manifester dès la sortie de l’hiver, notamment dans les situations à attaques précoces. À ce stade, on observe généralement une croissance ralentie des plantes, un tallage insuffisant et un jaunissement progressif des feuilles, débutant par la pointe. En souterrain, les racines présentent des nécroses noires visibles sur plusieurs centimètres, signe d’une atteinte fongique déjà bien installée.

Ces symptômes peuvent toutefois passer inaperçus sans une observation attentive. Un bon moyen de confirmer le diagnostic consiste à comparer, après un lavage soigneux, les racines de plantes suspectes avec celles de plantes saines. La différence d’aspect est souvent nette.

À partir de l’épiaison, les signes deviennent plus évidents. Les plantes touchées présentent un dessèchement précoce, avec un échaudage complet de l’épi et des talles, donnant une teinte blanche à la plante. En parallèle, les racines sont souvent totalement nécrosées, et la base des tiges peut se colorer en noir sur une zone de 1 à 3 cm, parfois au-delà du plateau de tallage. Cette atteinte du système racinaire limite fortement l’absorption d’eau et de nutriments, compromettant le remplissage des grains.

Conditions favorables au développement
Rotation culturale courte
Le retour fréquent du blé ou d’autres graminées favorise l’installation du champignon dans le sol. Une rotation incluant des cultures non-hôtes permet de casser le cycle.
Conditions de sol
• Les sols légers, sableux, aérés
• pH basique (> 7)
• Forte humidité à l’automne
Semis précoces
Ils favorisent l’infection précoce des racines dans des conditions humides, augmentant la sévérité des attaques.
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Prévention et moyens de lutte
Face à l'absence de solutions curatives efficaces, la lutte agronomique constitue l'axe central de la maîtrise du piétin-échaudage. Voici les leviers les plus efficaces, validés par ARVALIS :
Allonger les rotations
La culture de plantes non-hôtes comme le colza, la betterave, le pois, la pomme de terre ou l’avoine permet de réduire fortement l’inoculum dans le sol.
3 années sans hôtes suffisent à faire disparaître l’inoculum.
Gérer les repousses et les graminées adventices
Le champignon a besoin d’un support vivant pour survivre. Détruire les repousses de céréales ainsi que maîtriser les chiendents et adventices graminées sont deux leviers à mettre en place.
Ces plantes relais entretiennent le champignon entre deux cultures de blé et réduisent fortement l’effet positif de l’allongement de la rotation.
Adapter la date de semis
Le piétin-échaudage est favorisé par des automnes doux et humides. Décaler le semis peut réduire le risque. En effet, les semis tardifs (fin novembre à décembre) exposent moins la culture aux conditions favorables à l’infection. Cette stratégie est particulièrement pertinente en année à hiver froid.
Gestion des résidus et structure du sol
Une attention particulière doit être portée à la gestion des résidus et à la structure du sol. Le broyage et la répartition homogène des andains de paille permettent de limiter les foyers d’inoculum. Il est également recommandé de rappuyer les sols après le semis, notamment lorsque ceux-ci sont trop aérés : un excès d’oxygène en surface favorise en effet le développement du piétin-échaudage. À l’inverse, des sols légèrement tassés, moins oxygénés, sont moins favorables à l’installation du champignon.
Faut-il travailler le sol ?
Concernant le travail du sol, son influence sur la maladie reste variable d’une année à l’autre. Le labour peut contribuer à diluer l’inoculum présent dans le sol, mais il peut aussi le déplacer plus largement, ce qui rend son impact global incertain.
Choix des densités de semis
Ce n’est pas la densité de semis qui compte, mais surtout le développement des racines. La maladie progresse uniquement par contact entre racines proches, sur de très courtes distances, autour de 15 centimètres.
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Facteurs de risques à surveiller
Avant d’envisager un blé sur blé, il est fortement conseillé de vérifier la présence éventuelle d’inoculum dans la parcelle. Un prélèvement ciblé sur plusieurs zones représentatives, suivi d’une observation attentive de l’état des racines et du collet, permettra d’évaluer le niveau de risque. La présence de nécroses noires à ce stade est un indicateur clair de la persistance du champignon dans le sol.
Impact sur le rendement
Les pertes peuvent atteindre 30 % dans les situations sévères, notamment en cas d’échaudage généralisé et de stress hydrique. La réduction du nombre de grains par épi et du PMG (poids de mille grains) est souvent observée. Le piétin-échaudage nuit également à l’homogénéité de la récolte.
En résumé
Le piétin-échaudage est une menace discrète mais sérieuse pour les céréales à paille. En combinant des pratiques culturales adaptées et des rotations, il est possible de contenir cette maladie et de sécuriser son potentiel de rendement.